Cabanes de résiniers

Cabanes de résiniers
Cabanes de résiniers
Peu de documents ont été publiés sur les cabanes de résiniers, mais il est certain que celles-ci ont bien évolué avec le temps.

Si l’on parle de résiniers, on parle de pignadas (lieux plantés de pins) et d’exploitation de la résine et de ses dérivés. Le pin maritime a toujours existé dans les Landes et le gemmage remonte à des temps très anciens, puisque déjà les romains venaient chercher celle-ci dans le port de Segosa (près de Mimizan ?), pour le calfatage de leurs bateaux. Pissos veut dire la poix, tirée de la résine. Comment était exploité ce pignadar, on ne le sait pas.

En revanche, au début du XVIIIème siècle, le cartographe, Claude Masse, fut l’un des premiers à décrire l’existence insolite des résiniers : « comme ils sont toujours dans les bois, ils sont peu civilisés et à demi sauvages, et font peur en les voyant tant à cause de leur noirceur que par leurs mauvais habits. Ils font peine à voir, tant par leurs habits que par leur langage rustique et sauvage, parlant un mauvais gascon ; ils sont ordinairement jambes et pieds nus, et ont sur la tête une toque ou béret, n’ayant ni cravate ni collet ; ils se couvrent le corps d’une dalmatique brune avec un capuchon et au dessous un justaucorps et une culotte, le plus souvent de peau. »

En fait ces pauvres malheureux habitent dans les pignadas, avec femme, enfants et bestiaux, « dans de petites maisons ou cabanes en planches ou colombage avec de la terre ».Les plus aisés ont quelques cochons, chèvres, vaches, bourriques, petits chevaux, voire des ruches à miel. Ils n’ont pas de volaille parce que celle-ci se perd dans les bois ou est mangée par le renard. Les résiniers se nourrissaient aussi mal qu’ils étaient habillés, ne consommant que du mauvais pain de seigle, des poissons salés, de maigres soupes et très peu de viande. Avec le temps le menu du résinier n’a guère évolué : soupe faite de pain de seigle , d’eau bouillie et de sel, à laquelle ils ajoutent la graisse qu’a pu fournir un tout petit morceau de lard cuit dans la poêle : ce mets succulent s’appelait le régit.Les journées s’écoulaient, monotones, dans le labeur ordinaire et l’isolement absolu de la forêt. Dès l’aube, ils parcouraient pieds nus la broussaille humide de rosée , les hommes avec le bridon et le pitey, les femmes avec le barasque pour récolter la colophane le long des cares. Tous rentraient à la tombée du jour.

Après le second empire, qui a vu le développement considérable de la forêt landaise, les mœurs et coutumes des résiniers ont aussi évolué. Ceux-ci se sont syndicalisés et ne vivent plus dans la forêt, mais au village ou dans les airials. Les cabanes vont alors être utilisées pour s’abriter et garer leurs outils qui eux aussi ont évolué. Si autrefois on récoltait la résine dans un trou creusé au pied de l’arbre (le crot), il y a maintenant le pot que l’on accroche à l’arbre et que l’on remonte tous les ans. Le bridon a été remplacé par le hapchot, puis plus tard par une fine lame pour le gemmage activé à l’acide sulfurique. Tout cela s’est terminé en 1993, avec l’augmentation des charges sociales et on importe aujourd’hui la résine et ses nombreux dérivés du Portugal, de la Grèce et surtout du Vietnam et de la Chine.

Ces cabanes de résiniers restent un précieux témoignage de la vie de nos ancêtres et doivent donc être protégées, c’est ce que la commune d’Escource s’est employée à faire.

Une équipe de bénévoles a entrepris de restaurer les "cabanes de résiniers" présentes sur la commune

La restauration de la 2ème cabane est en cours. Les 4 présents: Gérard DOURTHE, Roland DEDIEU, Philippe LACROTTE, Philippe ROLLAND y ont apporté chacun leur compétence respective, mais surtout leur bonne humeur. A noter que André LAOUSSE qui avait participé à la rénovation de la première a eu un empêchement pour celle-ci, mais il était compté dans l’équipe. Il fallait rendre hommage, par cette rénovation, à ceux qui avait construit cette cabane en 1936 et ceux qui l’ont démonté et remontée en ce lieu dit CUSSON le 26 mai 1947. Ainsi qu’en atteste la gravure à même la chaux, par M.DABAN et semble t-il, l’ancien garde champêtre Monsieur Pierre TASTE. A cette heure il manque encore les tuiles et le bardage extérieur, mais la partie lourde de la structure est là pour des années encore. En espérant qu’une inauguration soit faite sur ce lieu, symbole de l’époque de l’exploitation de l’arbre d’or par l’extraction de la résine.